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Les runes : histoire, évolution et portée symbolique

  • Photo du rédacteur: Adrien Balayan
    Adrien Balayan
  • 27 août
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 8 sept.

Introduction

Quand on entend le mot rune, on pense souvent à des signes mystérieux gravés sur la pierre, chargés de magie et de secrets anciens. Pourtant, les runes sont d’abord un alphabet, utilisé par les peuples germaniques et nordiques bien avant d’être réinterprété à des fins ésotériques. Cet article propose un voyage à travers leur histoire : des origines antiques jusqu’à leur redécouverte moderne, en passant par leur usage quotidien et symbolique.


I. Origine et développement des runes


1. Des alphabets méditerranéens aux peuples germaniques

un guerrier germanique et un guerrier romain, echangeant une tablette écrite avec des runes

Les runes apparaissent probablement entre le Ier siècle avant J.-C. et le Ier siècle après J.-C. La plupart des chercheurs s’accordent à dire qu’elles dérivent d’un alphabet méditerranéen, peut-être l’étrusque ou le latin archaïque. Leur diffusion résulte des échanges commerciaux et des contacts militaires entre le monde romain et les tribus germaniques. Ces signes furent adaptés pour refléter les sons propres aux langues du Nord, donnant naissance à un système unique : le Futhark, nommé d’après les six premières runes (F, U, Th, A, R, K).


2. Le Futhark ancien (IIᵉ – VIIIᵉ siècle)

un parchemin emplis de symboles nordique, les runes de l alphabet futhark dessus

Le Futhark ancien, ou Elder Futhark, compte 24 runes. Les premières inscriptions connues apparaissent sur des armes, des bijoux ou des objets votifs. Leur usage est à la fois pratique, marquer un nom ou une propriété, et symbolique, car la gravure d’un signe durable sur le bois, la pierre ou le métal conférait un caractère solennel à l’acte.


3. Les évolutions médiévales

Au VIIIᵉ siècle, le système se simplifie : le Futhark récent, utilisé en Scandinavie, ne comporte plus que 16 runes. Parallèlement, dans les îles Britanniques, les runes anglo-saxonnes (Futhorc) s’allongent à 28 puis 33 signes pour noter des sons spécifiques à l’anglo-saxon.Plus tard, apparaissent des runes médiévales et même des runes dalécarliennes en Suède, encore utilisées sporadiquement jusqu’au XIXᵉ siècle, preuve que cette écriture n’a pas totalement disparu avec le Moyen Âge.


II. Les runes dans la société germanique et nordique


1. Fonction d’écriture et communication

un guerrier gravant des runes sur la lame d'une épée

Contrairement à l’image romantique d’un alphabet secret, les runes étaient avant tout un outil de communication. On les trouve gravées sur des pierres commémoratives (particulièrement nombreuses en Suède et au Danemark), mais aussi sur des objets du quotidien, des armes, voire des graffitis.


2. Valeur sacrée et magique attribuée par la tradition

Odin, transpercé par une lance, yggdrasil, des runes, illustration SEPIA

Certaines sources littéraires, comme les Poèmes runiques ou le Hávamál? prêtent aux runes un caractère sacré. La mythologie raconte qu’Odin, dieu suprême du panthéon nordique, se serait suspendu neuf nuits à l’arbre Yggdrasil et aurait sacrifié un œil pour acquérir la connaissance des runes. Si ces signes servaient bien parfois à des formules de protection ou d’incantation, il faut rester prudent : la frontière entre écriture ordinaire et usage rituel est floue, et nombre d’inscriptions restent purement pratiques.


3. Déclin et disparition progressive

Avec la christianisation de l’Europe du Nord (Xe – XIIe siècle), l’alphabet latin remplace progressivement les runes. Les missionnaires préféraient un système d’écriture associé aux textes sacrés chrétiens. Cependant, certaines communautés rurales ont continué à employer les runes comme marques personnelles ou comme écriture locale jusqu’à l’époque moderne.


III. La symbolique et la redécouverte moderne des runes


1. Significations anciennes

une rune dans un ciel orageux, un guerrier, un bateau et un taureau

Chaque rune porte un nom et renvoie à un concept concret (bétail, voyage, force, eau, etc.). Dans les sociétés orales, ces noms facilitaient l’apprentissage et donnaient aux runes un sens au-delà de leur valeur phonétique. Néanmoins, il ne s’agissait pas encore d’un système divinatoire organisé.


2. Redécouverte romantique et réinterprétation ésotérique

À partir du XIXᵉ siècle, les runes suscitent un nouvel engouement avec la montée du romantisme germanique et les grandes découvertes archéologiques. Des auteurs comme Guido von List proposent des systèmes occultes inspirés des runes, souvent éloignés de leurs usages historiques. Au XXᵉ siècle, certaines idéologies politiques ont malheureusement instrumentalisé les runes à des fins symboliques, ce qui a parfois terni leur image.


3. Approche moderne et recherche scientifique

Aujourd’hui, les runes sont étudiées par les linguistes, archéologues et historiens comme un témoignage culturel majeur. Elles permettent de mieux comprendre les sociétés germaniques : leurs échanges, leurs croyances et leur évolution linguistique. Leur héritage se retrouve également dans la littérature, les jeux vidéo, le cinéma et la pop culture, où elles incarnent un symbole d’ancienneté et de mystère.


Conclusion


Les runes ne sont pas seulement des signes magiques venus du fond des âges : ce sont avant tout les lettres d’un alphabet nord-européen, qui a servi à écrire, commémorer et parfois protéger. Entre usage pratique, valeur sacrée et réinterprétations modernes, elles témoignent de la richesse culturelle des peuples germaniques. Aujourd’hui, l’étude rigoureuse des runes permet de distinguer les faits historiques des légendes – tout en savourant le charme intemporel de ces symboles gravés dans la pierre.

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