Freyja : Déesse de l’Amour, de la Magie et de la Guerre dans la Mythologie Nordique
- Adrien Balayan
- 11 juil.
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 18 août

Parmi les nombreuses divinités du panthéon nordique, Freyja se distingue par sa complexité et sa puissance. Tour à tour maîtresse de l’amour, magicienne, guerrière et pleureuse des morts, elle incarne les contradictions fécondes de la mythologie scandinave. Elle est l’une des déesses les plus vénérées, redoutées et mystérieuses de l’ère viking.
Filiation et Origines

Freyja appartient à la race des Vanes, divinités liées à la nature, à la fécondité et à la magie. Elle est la fille de Njörd, dieu de la mer et des richesses maritimes. Sa mère, non nommée dans les Eddas, serait probablement la sœur de Njörd, suivant une ancienne coutume divine des Vanes.
D'autres cites également le nom de Skadi, qui est l épouse de Njord, ou de Nerthus .
Elle fut marié a Odr, avec lequel elle aurait eu 2 filles ; Hnoss ( bijoux) et Gersimi ( Trésors)
Freyja a un frère jumeau, Freyr, dieu de la fertilité, de la paix et de la prospérité. Tous deux ont été envoyés à Asgard lors de l'échange d'otages entre les Ases et les Vanes, scellant la paix entre les deux races divines. Freyja devient alors l'une des Asynes (déesse des Ases), bien qu'elle reste profondément attachée à son héritage vane.
Attributions et Rôle

Freyja est avant tout la déesse de l’amour, du désir, de la beauté et de la fécondité, mais elle est aussi liée à des aspects plus sombres : la guerre, la mort et la magie. Cette ambivalence la rend unique parmi les dieux nordiques.
Elle accueille dans son domaine Fólkvangr la moitié des guerriers morts au combat, l’autre moitié allant à Odin au Valhalla. Cette fonction funéraire fait d’elle une déesse psychopompe, proche des Walkyries.
Freyja est également associée aux pleurs : elle pleure son mari Óðr disparu dans des errances mystérieuses, versant des larmes d’or pur. Ce mythe symbolise l’amour éternel, la perte et la beauté tragique.
Attributs et Artefacts

Freyja possède plusieurs artefacts emblématiques :
Brísingamen : un collier d'une beauté inégalée, forgé par des nains. Elle l’aurait acquis en couchant avec chacun des quatre forgerons. Le collier symbolise à la fois la sensualité et le pouvoir magique.
Hildisvíni : un sanglier magique qu’elle chevauche. Le nom signifie « sanglier de combat », renforçant son lien avec la guerre.
Un char tiré par deux chats géants, qui souligne son rapport ambivalent entre la douceur et la force.
Elle est également maîtresse du Seiðr, une forme ancienne de magie divinatoire et de manipulation du destin, souvent considérée comme féminine, mais utilisée aussi par Odin (qui l’aurait apprise d’elle).
Freyja et le Seiðr : La Maîtresse de la Magie de la Mythologie nordique

Le Seiðr est une pratique magique puissante, axée sur la manipulation du destin, la prophétie et l’influence sur les esprits. Freyja est la déesse par excellence du Seiðr, et selon les Eddas, c’est elle qui enseigna cet art à Odin.
Le Seiðr implique souvent des transes, des rites de possession, des chants rituels (galdr), et parfois des sacrifices. Sa pratique était perçue comme taboue pour les hommes, car elle impliquait des comportements considérés comme « non virils ». Le fait qu’Odin, le dieu suprême, brise ce tabou en apprenant le Seiðr de Freyja, souligne l’immense pouvoir qu’elle détenait dans le domaine mystique.
Freyja représente donc la sorcière primordiale, détentrice du savoir occulte et des forces invisibles de l’univers.
Freyja et le Ragnarök

Les Eddas ne précisent pas clairement le rôle de Freyja durant le Ragnarök, le crépuscule des dieux. Cependant, son aspect martial et son lien avec les guerriers tombés au combat suggèrent qu’elle pourrait jouer un rôle dans cette bataille finale.
Certains érudits supposent qu’en tant que déesse de la guerre et de la magie, elle pourrait soit y périr, soit survivre au cataclysme, comme certaines divinités liées à la fertilité et au renouveau. Son absence des textes ne fait qu'ajouter à son mystère.
Une Légende : Freyja et le Collier des Brísingar

L'une des légendes les plus célèbres de Freyja est celle du Brísingamen.
Un jour, Freyja aperçoit un collier magnifique dans la forge de quatre nains — Alfrigg, Berling, Dvalin et Grerr. Désireuse de le posséder, elle leur propose de l'acheter. Mais les nains refusent tout paiement matériel : ils exigent qu’elle passe une nuit avec chacun d’eux.
Freyja accepte, obtenant le collier au prix de sa dignité selon les normes des dieux Ases. Loki, le dieu farceur, découvre l’affaire et informe Odin, qui désapprouve son comportement. Il envoie Loki voler le collier.
Freyja le récupérera plus tard, mais non sans devoir accomplir des tâches imposées par Odin, notamment provoquer des conflits entre rois mortels pour alimenter les rangs des morts au combat. Cette légende révèle les tensions entre pouvoir féminin, sexualité libre et autorité divine masculine dans la mythologie nordique.
Héritage de Freyja : Du Moyen Âge à la Pop Culture

Dans le folklore nordique :
Après la christianisation de la Scandinavie, Freyja n’a jamais totalement disparu. Son nom est à l’origine du vendredi ("Friday" en anglais, "Freitag" en allemand), nommé en son honneur (comme Frigg). Elle survit aussi dans les récits populaires de sorcières et de femmes puissantes liées à la nature.
Dans les arts et la littérature :
Freyja inspire de nombreux poètes romantiques du XIXe siècle. Richard Wagner s’en empare dans son opéra L’Anneau du Nibelung. Elle devient une muse pour les artistes symbolistes et féministes.
Dans le jeu vidéo et la pop culture :
Dans "God of War: Ragnarök", Freya (orthographe anglophone de Freyja) joue un rôle central, en tant que mère, guerrière et sorcière, offrant une version moderne mais fidèle à son essence.
Dans "Assassin’s Creed: Valhalla", elle est l’une des divinités que le protagoniste peut honorer.
Elle apparaît aussi dans Magic: The Gathering, SMITE, Final Fantasy, et de nombreuses œuvres de fantasy comme une archétype de la femme divine, forte et complexe.
En ésotérisme et néopaganisme :
Freyja est souvent invoquée dans les traditions néo-païennes, notamment chez les pratiquants de l’Ásatrú et du Seiðr moderne. Elle est considérée comme une divinité tutélaire pour les femmes, les praticiens de magie, et les chercheurs de transformation intérieure.
Conclusion
Freyja est une figure d’une richesse exceptionnelle. À la fois amante, sorcière, guerrière et maîtresse des morts, elle transcende les archétypes pour incarner les paradoxes de la nature humaine et divine. Sa puissance, son indépendance et son aura mystique continuent de résonner dans l’imaginaire contemporain, faisant d’elle l’une des divinités les plus vivantes et influentes du panthéon nordique.
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